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Une fois la transaction publiquement accomplie, Jérémie semble en accuser le coup et s’en dissocier. À vues humaines, y compris les siennes, le Seigneur vient de lui ordonner un achat insensé (25). Admirons en revanche sa réaction immédiate, qui est de se tourner vers Dieu pour lui reconnaître toute souveraineté (17, 18b), attester de sa miséricorde, dont il souligne combien le peuple a été bénéficiaire (18, 20-22), et admettre que ses voies sont impénétrables pour l’intelligence humaine (17b). Au lieu de le conduire à une forme d’impuissance désabusée, cette consécration accrue lui permet paradoxalement d’entrer dans un dialogue confiant, très privilégié, puisque Dieu va, avec douceur, le faire pénétrer encore davantage dans son intimité par la révélation de ses desseins d’amour (cf. (...)

Ce passage présente une anticipation de ce qui sera narré de façon chronologique à partir du chapitre 38. Jérémie sera enfermé dans la cour de la prison, après avoir enjoint aux habitants de Jérusalem de se rendre aux troupes de Nebucadnetsar. Notre épisode éclaire le sens de cette démarche, en soulignant le dessein ultime de restauration que Jérémie prophétise de la part du Seigneur. En 588 av. (...)

Reconstruire et replanter. Le prophète se consacre désormais à la deuxième phase de sa mission, dans le projet de Dieu : reconstruire et préparer le peuple pour le retour (27-28). « Les pères ont mangé des raisins verts, mais ce sont les dents des enfants qui sont abîmées » (29). Ce proverbe connu en Israël montrait la notion de responsabilité collective. Jérémie, comme Ézéchiel, affirme au contraire que chacun est responsable de ses propres actes (30). Le péché était profondément gravé dans le cœur des humains (17.1). (...)

La révélation de l’avenir glorieux du peuple de Dieu semble avoir été communiquée à Jérémie en songe (26). Elle est donc certaine, puisque c’est Dieu qui promet d’être « le Dieu de toutes les familles d’Israël » (1). Les versets 1-14 présentent le retour des déportés de Babylone comme un nouvel Exode. Autrefois, Dieu a sauvé Israël de la servitude et de la domination égyptienne. Il l’a guidé dans le désert jusqu’à la Terre promise, Canaan. (...)

Les chapitres 30 à 33 de Jérémie contiennent des paroles d’encouragement pour l’ensemble des deux royaumes, Juda et Israël (30.3-4). Certes, la catastrophe de la déportation en un pays étranger (Babylone) a eu lieu, mais le prophète voit maintenant au-delà, puisqu’il parle de délivrance (10), de restauration (18). Pour le peuple en exil, cette promesse ouvre une porte sur un avenir plus serein. Dieu promet le retour des captifs dans leur terre, leur pays (3, 7c, 8, 10). L’image du verset 6 évoque l’intensité de la souffrance de l’accouchement avant la délivrance. (...)

Ce psaume écrit par David est un appel au secours : « Éternel, c’est à toi que je crie » (1a). Il s’adresse à celui qui est décrit comme son « rocher » (1b). « Il exprime son inébranlable fidélité. Semblable à un montagnard qui trouve de bonnes prises dans le rocher et qui s’y accroche avec confiance dans son ascension, le croyant s’appuie sur Dieu. (...)

En 597 av. J.-C., de nombreuses personnes du peuple de Juda, dont le roi Jojakin (Jéconia), avaient été déportées en Babylonie (1-2). Par l’intermédiaire d’émissaires de confiance, le prophète Jérémie fait parvenir de Jérusalem à ses compatriotes exilés une lettre (3) pour les avertir et les encourager (4-9). La déclaration qui suit (10-32) s’adresse à ceux déjà en captivité (10-14), à ceux qui vont les suivre (15-19), aux faux prophètes Achab et Sédécias (21-23), ainsi qu’à un autre faux prophète, Shemaeya (24-32). À ces gens exilés loin de chez eux, réfugiés dans un pays ennemi, le prophète adresse des paroles très fortes, pleines d’encouragement : il leur dit de construire des maisons, de planter des jardins, de fonder des familles, bref de s’installer durablement (5-6). Et il les exhorte aussi à rechercher le bien, la paix, la prospérité de la ville où ils habitent. (...)

Malgré la mise en garde de Jérémie contre les faux prophètes, « la même année ! », il s’en présente un qui prétend lui aussi parler au nom du Maître de l’univers : Hanania annonce en présence de Jérémie (« m’a affirmé… ») la fin de la domination du roi de Babylone, le retour du roi de Juda prisonnier de Nebucadnetsar et enfin le rapatriement de tous les exilés. Il ose même préciser le délai de deux ans pour l’accomplissement de ses prophéties. Jérémie aimerait bien que ces prédictions se réalisent, mais elles vont à l’encontre de ce qu’ont annoncé tous les prophètes précédents concernant l’avenir de Juda : un avenir marqué par la guerre, le malheur et la peste. Hanania s’inscrit donc en faux contre eux tous. Dans son insolence sans limite, pour signifier la fin du joug de Babylone sur Juda au bout de deux ans, il enlève, sur le cou de Jérémie, la barre qui illustrait le message impopulaire de ce dernier. Jérémie ne réagit pas immédiatement à l’intervention d’Hanania (« poursuivit son chemin », 11). (...)

La situation de Juda a évolué depuis le règne de Jojakim. Le roi de Babylone est venu piller le temple de Jérusalem. La paix et la liberté relatives dont jouit le peuple lui donnent l’illusion qu’il s’en sortira sans trop de mal et qu’il pourra même bientôt récupérer les ustensiles du temple que Nebucadnetsar a emportés à Babylone. Les rois des nations voisines venus consulter le roi Sédécias pour former une coalition contre l’envahisseur le confortent dans cette illusion. C’est un message visuel frappant que Jérémie doit adresser non seulement à Sédécias, mais aussi aux autres rois. (...)

Ce texte semble se situer avant le chapitre précédent qui mentionne « la quatrième année du règne de Jojakim » (25.1), alors qu’ici on en est « au début » (1). Le ton radical et sans merci des jugements précédents devient encore plus compréhensible si on considère les événements qui les ont précédés : la réaction incrédule du peuple, les menaces de mort proférées contre Jérémie, l’exécution d’un autre prophète, Urie, par le roi Jojakim. C’est avec un ton suppliant que l’Éternel adresse son appel à la repentance. Il promet même de renoncer à exécuter son jugement contre le pays. Mais ce que retiennent les prêtres, les prophètes et tout le peuple, ce n’est pas cet appel, mais la menace de destruction du pays qu’ils considèrent blasphématoire et qui, selon eux, mérite la mort. (...)