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Épisode
22 juin 2025 - 19min
L’album d’Erkin Azat et Luxi Erkin Azat, lanceur d’alerte des camps ouïghours (Delcourt), raconte, à travers une histoire familiale et de nombreux témoignages, la répression chinoise contre les turcophones du Xinjiang. Erkin Azat est un pseudonyme, adjonction de deux mots qui disent la liberté, le premier en turc, le second...
L’album d’Erkin Azat et Luxi Erkin Azat, lanceur d’alerte des camps ouïghours (Delcourt), raconte, à travers une histoire familiale et de nombreux témoignages, la répression chinoise contre les turcophones du Xinjiang. Erkin Azat est un pseudonyme, adjonction de deux mots qui disent la liberté, le premier en turc, le second en perse. C’est ce que l’on apprend à la page 139 de cet album écrit par ce Sino-Kazakh, lui-même devenu lanceur d’alerte sur internet à l’issue d’une série de péripéties, qu’il raconte dans cet album dessiné par Luxi, dessinatrice chinoise qui vit en France. Ce jeune ingénieur travaille au Kazakhstan dans une compagnie pétrolière quand il est rattrapé par l’histoire de sa famille ouïghoure en 2009. Revenant d’Urumqi, sa ville natale et capitale du Xinjiang où il avait l’habitude de rendre visite à ses parents, il est arrêté à la frontière : en contrôlant son ordinateur, les douaniers sont tombés sur une page Wikipédia avec un drapeau du Turkestan Oriental. Soumis au feu roulant des questions des policiers, il va passer quelque temps en centre de détention, avant d’être libéré moyennant une vidéo contenant de (faux) aveux et une mission : espionner les Ouïghours dans la raffinerie où il travaille. Quelques jours plus tard, une autre vidéo devient virale sur les réseaux sociaux. Elle montre des ouvriers ouïghours accusés de viol lynchés par des Hans -ethnie majoritaire en Chine-. Les Ouïghours convoquent aussitôt une manifestation de protestation le 5 juillet 2009 à Urumqi. Le rassemblement entraînera une répression féroce. Les autorités chinoises accusent les Ouïghours de terrorisme, un grief déjà brandi depuis les attentats islamistes du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Ces deux événements incitent le jeune ingénieur à s’intéresser à l’histoire de sa famille. Il s’intéresse notamment au parcours de son grand-père, engagé dans l’armée du Turkestan Oriental dans les années 30, et qui, pour fuir la famine et la répression stalinienne, a quitté le Kazakhstan en 1933, et s’est retrouvé au Xinjiang, pris en étau entre les Soviétiques et les Chinois. Depuis, la situation des turcophones ne s’est pas du tout arrangée. À partir de 2014, les autorités chinoises commencent à construire des camps destinés à interner des centaines de musulmans pratiquants ouïghours et kazakhs. Et en 2018, la répression monte encore d’un cran et les arrestations arbitraires se multiplient. La liste des noms de disparus s’allonge. À l’abri de son pseudonyme, Erkin Azat ose prendre la parole sur les réseaux sociaux, et s’investit dans une association qui recueille des témoignages et alerte la presse et les Nations unies, qui estiment en août 2018 à plus d’un million le nombre de détenus dans les camps du Xinjiang. Les témoignages exposés à la fin de l’album sont glaçants. Un avocat raconte les procès de pacotille, une infirmière évoque les stérilisations de femmes, les avortements contraints et autres infanticides. Courageusement, une rescapée des camps raconte ses 15 mois d’enfer. Quant à Erkin Azat et la dessinatrice Luxi, ils se sentent menacés par le régime chinois. Erkin Azat, lanceur d’alerte des camps ouïghours, Erkin Azat et Luxi (Delcourt).
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L’album d’Erkin Azat et Luxi Erkin Azat, lanceur d’alerte des camps ouïghours (Delcourt), raconte, à travers une histoire familiale et de nombreux témoignages, la répression chinoise contre les turcophones du Xinjiang.
Erkin Azat est un pseudonyme, adjonction de deux mots qui disent la liberté, le premier en turc, le second en perse. C’est ce que l’on apprend à la page 139 de cet album écrit par ce Sino-Kazakh, lui-même devenu lanceur d’alerte sur internet à l’issue d’une série de péripéties, qu’il raconte dans cet album dessiné par Luxi, dessinatrice chinoise qui vit en France. Ce jeune ingénieur travaille au Kazakhstan dans une compagnie pétrolière quand il est rattrapé par l’histoire de sa famille ouïghoure en 2009. Revenant d’Urumqi, sa ville natale et capitale du Xinjiang où il avait l’habitude de rendre visite à ses parents, il est arrêté à la frontière : en contrôlant son ordinateur, les douaniers sont tombés sur une page Wikipédia avec un drapeau du Turkestan Oriental. Soumis au feu roulant des questions des policiers, il va passer quelque temps en centre de détention, avant d’être libéré moyennant une vidéo contenant de (faux) aveux et une mission : espionner les Ouïghours dans la raffinerie où il travaille.
Quelques jours plus tard, une autre vidéo devient virale sur les réseaux sociaux. Elle montre des ouvriers ouïghours accusés de viol lynchés par des Hans -ethnie majoritaire en Chine-. Les Ouïghours convoquent aussitôt une manifestation de protestation le 5 juillet 2009 à Urumqi. Le rassemblement entraînera une répression féroce. Les autorités chinoises accusent les Ouïghours de terrorisme, un grief déjà brandi depuis les attentats islamistes du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
Ces deux événements incitent le jeune ingénieur à s’intéresser à l’histoire de sa famille. Il s’intéresse notamment au parcours de son grand-père, engagé dans l’armée du Turkestan Oriental dans les années 30, et qui, pour fuir la famine et la répression stalinienne, a quitté le Kazakhstan en 1933, et s’est retrouvé au Xinjiang, pris en étau entre les Soviétiques et les Chinois.
Depuis, la situation des turcophones ne s’est pas du tout arrangée. À partir de 2014, les autorités chinoises commencent à construire des camps destinés à interner des centaines de musulmans pratiquants ouïghours et kazakhs. Et en 2018, la répression monte encore d’un cran et les arrestations arbitraires se multiplient. La liste des noms de disparus s’allonge. À l’abri de son pseudonyme, Erkin Azat ose prendre la parole sur les réseaux sociaux, et s’investit dans une association qui recueille des témoignages et alerte la presse et les Nations unies, qui estiment en août 2018 à plus d’un million le nombre de détenus dans les camps du Xinjiang.
Les témoignages exposés à la fin de l’album sont glaçants. Un avocat raconte les procès de pacotille, une infirmière évoque les stérilisations de femmes, les avortements contraints et autres infanticides. Courageusement, une rescapée des camps raconte ses 15 mois d’enfer. Quant à Erkin Azat et la dessinatrice Luxi, ils se sentent menacés par le régime chinois.
Erkin Azat, lanceur d’alerte des camps ouïghours, Erkin Azat et Luxi (Delcourt).
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