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Épisode
23 juin 2025 - 2min
La misokinésie, littéralement « haine du mouvement », décrit la réaction négative – irritation, anxiété ou colère – qu’éprouvent certaines personnes lorsqu’elles voient de petits gestes répétitifs : un pied qui tressaute, un stylo qu’on fait tourner, des cheveux entortillés. À la différence de la misophonie, déclenchée par des sons,...
La misokinésie, littéralement « haine du mouvement », décrit la réaction négative – irritation, anxiété ou colère – qu’éprouvent certaines personnes lorsqu’elles voient de petits gestes répétitifs : un pied qui tressaute, un stylo qu’on fait tourner, des cheveux entortillés. À la différence de la misophonie, déclenchée par des sons, le stimulus est ici exclusivement visuel. Longtemps ignoré, ce trouble n’est pourtant pas anecdotique : une étude de 2021, menée par l’Université de Colombie-Britannique (UBC) et publiée dans Nature/Scientific Reports, montre qu’un adulte sur trois déclare en être affecté, à des degrés variables, et que l’intensité du malaise peut dépasser celle ressentie face à des bruits équivalents.Les chercheurs ont réparti 4 126 participants en trois cohortes successives, étudiant la fréquence des réactions, leurs émotions associées et les conséquences sociales. Ils constatent que 33 % des sujets ressentent régulièrement une gêne tangible devant ces micromouvements, tandis que 10 % décrivent une détresse si forte qu’ils préfèrent fuir salles de cours, cinémas ou transports en commun. La misokinésie s’accompagne souvent d’une anxiété sociale accrue et coexiste avec la misophonie, suggérant un terrain d’hypersensibilité sensorielle partagé. Beaucoup de participants rapportent des stratégies d’évitement – siéger au fond d’une classe ou détourner leur regard – mais disent que ces solutions restent épuisantes à long terme. Les participants plus âgés rapportaient un seuil de tolérance légèrement supérieur, mais le phénomène traverse tous les groupes démographiques.Quels circuits cérébraux sont en jeu ? Aucune imagerie n’a encore exploré spécifiquement la misokinésie, mais les données sur la misophonie et sur le système miroir offrent des indices. Observer une action active naturellement un réseau miroir – aires prémotrices et pariétales – relayé par l’insula antérieure et le cortex cingulaire antérieur, pivots du réseau de la saillance. Dans la misophonie, ces régions présentent une hyper-réactivité et une connectivité renforcée avec l’amygdale, génératrice de réponses émotionnelles vives. Les auteurs de l’étude UBC supposent qu’une séquence de gestes répétitifs déclenche, chez les sujets misokinétiques, ce circuit miroir « hors gabarit », envoyant en quelques centaines de millisecondes un signal aversif qui se traduit par tension musculaire, accélération cardiaque et envie irrésistible de détourner le regard.Reconnaître la misokinésie est essentiel : il ne s’agit ni d’un caprice ni d’une lubie. La détresse qu’elle provoque peut conduire à l’isolement, au burn-out et à la détérioration des relations de travail. Des stratégies simples existent : masquer la source de mouvement, réaménager l’espace, demander au voisin d’immobiliser son pied ou pratiquer la pleine conscience pour diminuer la vigilance automatique. Des thérapies cognitivo-comportementales adaptées aux stimuli visuels sont à l’essai, tandis que de futurs protocoles d’imagerie devraient clarifier la part exacte du système miroir et ouvrir la voie à des interventions neurociblées. À terme. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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La misokinésie, littéralement « haine du mouvement », décrit la réaction négative – irritation, anxiété ou colère – qu’éprouvent certaines personnes lorsqu’elles voient de petits gestes répétitifs : un pied qui tressaute, un stylo qu’on fait tourner, des cheveux entortillés. À la différence de la misophonie, déclenchée par des sons, le stimulus est ici exclusivement visuel. Longtemps ignoré, ce trouble n’est pourtant pas anecdotique : une étude de 2021, menée par l’Université de Colombie-Britannique (UBC) et publiée dans Nature/Scientific Reports, montre qu’un adulte sur trois déclare en être affecté, à des degrés variables, et que l’intensité du malaise peut dépasser celle ressentie face à des bruits équivalents.
Les chercheurs ont réparti 4 126 participants en trois cohortes successives, étudiant la fréquence des réactions, leurs émotions associées et les conséquences sociales. Ils constatent que 33 % des sujets ressentent régulièrement une gêne tangible devant ces micromouvements, tandis que 10 % décrivent une détresse si forte qu’ils préfèrent fuir salles de cours, cinémas ou transports en commun. La misokinésie s’accompagne souvent d’une anxiété sociale accrue et coexiste avec la misophonie, suggérant un terrain d’hypersensibilité sensorielle partagé. Beaucoup de participants rapportent des stratégies d’évitement – siéger au fond d’une classe ou détourner leur regard – mais disent que ces solutions restent épuisantes à long terme. Les participants plus âgés rapportaient un seuil de tolérance légèrement supérieur, mais le phénomène traverse tous les groupes démographiques.
Quels circuits cérébraux sont en jeu ? Aucune imagerie n’a encore exploré spécifiquement la misokinésie, mais les données sur la misophonie et sur le système miroir offrent des indices. Observer une action active naturellement un réseau miroir – aires prémotrices et pariétales – relayé par l’insula antérieure et le cortex cingulaire antérieur, pivots du réseau de la saillance. Dans la misophonie, ces régions présentent une hyper-réactivité et une connectivité renforcée avec l’amygdale, génératrice de réponses émotionnelles vives. Les auteurs de l’étude UBC supposent qu’une séquence de gestes répétitifs déclenche, chez les sujets misokinétiques, ce circuit miroir « hors gabarit », envoyant en quelques centaines de millisecondes un signal aversif qui se traduit par tension musculaire, accélération cardiaque et envie irrésistible de détourner le regard.
Reconnaître la misokinésie est essentiel : il ne s’agit ni d’un caprice ni d’une lubie. La détresse qu’elle provoque peut conduire à l’isolement, au burn-out et à la détérioration des relations de travail. Des stratégies simples existent : masquer la source de mouvement, réaménager l’espace, demander au voisin d’immobiliser son pied ou pratiquer la pleine conscience pour diminuer la vigilance automatique. Des thérapies cognitivo-comportementales adaptées aux stimuli visuels sont à l’essai, tandis que de futurs protocoles d’imagerie devraient clarifier la part exacte du système miroir et ouvrir la voie à des interventions neurociblées. À terme.
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