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Épisode
30 juin 2025 - 5min
Si, de l’humanité, il ne subsistait que son œuvre protéiforme – quelque 150 livres – cela renseignerait n’importe quel archéologue dans le futur sur ce qui nous a animés pendant des millénaires – l’amour, la haine, le rire, le rêve. La bibliographie du dessinateur Tomi Ungerer, disparu mi-février 2019, à...
Si, de l’humanité, il ne subsistait que son œuvre protéiforme – quelque 150 livres – cela renseignerait n’importe quel archéologue dans le futur sur ce qui nous a animés pendant des millénaires – l’amour, la haine, le rire, le rêve. La bibliographie du dessinateur Tomi Ungerer, disparu mi-février 2019, à l’âge de 87 ans était en effet remplie de fantasmes et de fulgurances graphiques, de traits subversifs et poétiques. Jusqu’à la fin, il a utilisé son crayon pour éveiller les consciences quand il ne le maniait pas comme un bouclier qu’il pouvait opposer à la bêtise humaine.Thorbjørn Jagland, alors secrétaire Général du Conseil de l’Europe déclara : « Nous perdons aujourd’hui un grand artiste, très attaché à l’idée de l’Europe. Les valeurs de justice et d’humanisme qu’elle véhicule lui tenaient à cœur.Le musée Tomi Ungerer – Centre international de l'Illustration qui a ouvert ses portes à Strasbourg dès 2007 abrite non seulement abrite 14 000 dessins offerts par l'artiste lui-même, ainsi que 1 500 jouets de sa collection personnelle, mais il poursuit aussi son combat.Le 24 juin, j’ai été y voir l’exposition « Évidence », qui s’y tient encore jusqu’au 28 septembre, ce qui laisse le temps de vous y rendre, dans le cadre d’une sortie estivale. Comment capter l’instant présent et le raconter dans un monde secoué par la violence, les crises mondiales et l’effritement des structures politiques ? Telle est la question centrale qu’elle pose. Pour y répondre, elle réunit quatre artistes internationaux : Mounira Al Solh, Nino Bulling, Neïla Czermak Ichti et Mazen Kerbaj. Tous partagent une réflexion sur l’histoire, le temps et la narration, mais chacun d’eux a sa manière unique d’aborder le présent. Leurs œuvres, qu’elles soient personnelles, subjectives, documentaires ou militantes, tissent des liens entre l’intime et le politique. À travers leurs créations, ils montrent comment le quotidien peut révéler des évidences. Que ce soit à travers la peinture, le dessin, la broderie ou l’illustration, leurs œuvres brouillent les frontières des genres artistiques.Mounira Al Solh, qui vit entre Beyrouth et Amsterdam et a récemment représenté le Liban à la Biennale de Venise, interroge les réalités politiques du pays des cèdres et de la Syrie, en mettant en lumière la place des femmes dans la culture islamique. Ainsi, elle se situe dans le sillage de Tomi Ungerer qui, dans Ni oui ni non, son dernier ouvrage, paru en 2018, constatait : « Toute religion est bonne tant qu’elle inspire le respect de la vie, qu’elle encourage le maintien de la paix. Avec le fanatisme, toujours aveugle, la religion devient une excuse pour les pires excès. »Mazen Kerbaj, lui aussi originaire de Beyrouth, vit comme musicien et artiste à Berlin. Il utilise le dessin pour réagir aux événements politiques, mêlant hasard, abstraction et narration.L’exposition m’a permis de découvrir son roman graphique Politique, coédité en 2019 par Arte-éditions et Actes Sud BD. Dans des strips d’une page, il y met en scène le particularisme libanais et fait le portrait acide et drôle d’un pays plein de contradictions.Un de ces strips est intitulé Notre pain quotidien. Un libanais s’y adresse à Dieu, dans les termes suivants : « Mon Dieu, je veux te remercier d’avoir créé ce pays magnifique qu’est le Liban, avec ses plages et ses montagnes, ses forêts de pins, ses oliviers et ses orangers, avec son climat si doux et sa nature si hospitalière, qu’il doit être le pays qui se rapproche, le plus de l’idée de paradis sur terre !Merci du fond du cœur, mon Dieu… Mais est-ce que tu étais vraiment obligé de créer les Libanais ? »Là aussi, je vois un parallèle avec Tomi Ungerer. À un interviewer qui lui demandait, comment il s’imagine le paradis, il répondit : « S’il existait, ce serait une immense bibliothèque. Je n'y crois pas vraiment, mais je prie chaque soir pour exprimer ma gratitude. Où aboutissent mes prières de gratitude, je l'ignore. »NinoDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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